Reportage de Jacques Dubey

Samedi le 7 août 1999, sur le site du Fort-Chambly avait lieu le 25ème concours d'élégance organisé par "les voitures anciennes du Québec". M. Yvon Deschamps en était le président d'honneur et les profits seront versés à la Fondation MIRA, fondation qui s'occupe de fournir des chiens-guides aux non-voyants. Cet événement se déroulait sur deux jours et nous avons visité le site pour vous  (et aussi pour nous, car nous sommes également des amateurs) la première journée qui soit dit en passant fût une journée magnifique sur le plan température et atmosphère  sur le site.

La Buick 1910 Prop.: M. Gilles Godbout, Granby

Des haut-parleurs crachent de la musique des années 50 et une atmosphère de fête règne sur le site. Nous avons l'impression d'assister à un "party" de famille et, à écouter les propriétaires de ces belles d'autrefois, la plupart semblent avoir de nombreuses connaissances sur le site. La première voiture à attirer mon regard est une Buick 1910 tout droit sortie d'un fin de Disney. Son propriétaire, M. Gilles Godbout,  me raconte qu'a l'origine, il n'avait que le chassis, le moteur et le capot. Étant donné que l'on ne trouve plus ces pièces sur le marché, il a dû faire fabriquer toutes les pièces manquantes, un travail qui a duré deux ans et qui a fait grimpé la valeur du véhicule à près de 35 000 $. L'éclairage du véhicule se compose de lampes à l'huile et aussi de feux avant au carbure utilisant de l'acétylène. La vitesse du véhicule est de 25 milles/heure. M. Godbout possède également une Buick 1930 décapotable, un vrai petit bijou. Pour les amateurs, le temps passé à restaurer ces voitures ne compte pas, et le souci du détail est présent tout au long du processus  de restauration.

Hudson Hornet 1951, décapotable Prop.:  M. Jean Langlois, Charlebourg Cette voiture possédait deux carburateurs et aurait été très performante pour l'époque

Pour M. Jean Langlois, la route aura été plus longue pour restaurer sa Hudson Hornet 1951 décapotable. Il lui aura fallu 10 ans pour pouvoir enfin s'offrir une balade en Hudson Hornet.  La plupart des pièces manquantes ont été trouvées à Hershey et à Carlile aux États-Unis. Il semblerait que Hershey en Pennsylvanie soit un haut-lieu du commerce des pièces pour voitures anciennes (on parle d'un marché aux puces géants de près de 50 kilomètres marchables).  "J'ai eu plusieurs voitures  anciennes", nous dit M. Langlois," mais celle-ci est la seule qui me reste". M. Langlois à déniché un technicien hors-pair en la personne de M. Sylvain Parenteau, spécialiste de la réparation des métaux , de la peinture et du polissage.  Il m'a montré un album de photos qui furent prises à diverse étapes de la restauration. Selon lui, les gens qui admirent ces voitures anciennes n'ont pas idée de la quantité de travail et des détails minutieux qui entrent dans la restauration d'un véhicule. Certaines pièces ont été reconstruite en utilisant les mêmes métaux que l'originale. Cette voiture est une 6 cylindres de 145 forces utilisant 2 carburateurs et elle aurait gagné plusieurs courses en 1951. Fait à noter, cette voiture est monocoque et a un plancher surbaissé  (comme les voitures d'aujourd'hui). "À l'époque on appelait ça un "Step Down", on ne disait pas on monte dans une Hudson mais plutôt on descend dans une Hudson", nous raconte M. Langlois. Cette voiture est une traction arrière très imposante avec son empattement de 124 pouces. De plus, l'essieu arrière est plus courte de 3 pouces comparative à l'essieu avant, ceci devant améliorer la stabilité du véhicule. Les moulures intérieures imitation de marbre ont été faites à la main et polies pour un fini super brillant. Il faut une patience à tout épreuve pour se lancer dans la restauration de ces véhicules d'antan. Le véhicule à une consommation de 12/14 milles au gallon. Il  a coûté 65 $ d'essence à M. Langlois pour le trajet aller-simple de Charlebourg à Chambly. M. Langlois est membre du Club Hudson au niveau mondial et possède le seul véhicule Hudson Hornet répertorié au Canada.

	Tableau de bord  Chevrolet 1932
Chevrolet Special Sedan 1932 Prop.: M. Jean-Paul Locas, La Conception

Pour M. Jean-Paul Locas, de La Conception, il lui aura fallu plus de 16 ans d'efforts et 4,600 heures de travail pour relever le défi de reconstruire une voiture ancienne. Il a restauré lui-même la voiture à 90%, des amis l'ayant aidé pour la peinture. Sa Chevrolet Special Sedan 1932 à été restaurée en n'utilisant que des pièces d'origine GM qu'il a déniché un peu partout, aux État-Unis à Hershey, à Barrie en Ontario, et même à Rouyn-Noranda et St-Augustin-de-Portneuf au Québec. "La restauration se fait pièce par pièce, à nettoyer, réparer, peinturer, etc. "Les couleurs du véhicule ont été scrupuleusement respectées en se basant sur le numéro de série du véhicule", nous dit-il. "Le moteur a également été refait selon les critères de l'époque et n'utilisant que des pièces d'origine. J'ai fait nettoyer le moteur original et je l'ai remonté moi-même pièce par pièce", nous confie-t-il avec une étincelle dans les yeux. Décidément, il faut être un passionné et un inconditionnel pour se lancer dans une telle aventure. Le moteur est un 6 cylindres de 63 forces. Ce fut la première année que Chevrolet construisit un moteur balancé.  Ce fut également une première pour le carburateur installé sur le dessus (de type Down Draft) et pour la transmission synchronisée. Cette voiture était également équipé du système "Free Wheeling" qui permettait de changer les vitesses sans toucher à la pédale d'embrayage. "Ce système, qui élimine l'utilisation de la compression sur le moteur pour ralentir le véhicule ne doit pas être utilisé dans une pente", nous dit M. Locas,"car, à ce moment, seuls les freins sont disponibles pour ralentir le véhicule. Ce système peut être désactivé et n'est en fait utilisé qu'en terrain plat".

L'intérieur du véhicule est tout aussi impeccable que l'extérieur et le tableau de bord présente de nombreux cadrans et jauges (rare à l'époque). A voir M. Locas et son épouse s'empresser de montrer les photos des étapes de la restauration aux nombreux visiteurs, on comprend facilement leur fierté de présenter leur Chevrolet qui est un peu leur bébé. M. Locas me disait que cette voiture, qu'il a terminé de restaurer il y a deux ans n'a pas encore connu la pluie et n'a même pas été lavée depuis la fin de sa restauration, seulement époussetée pour enlever la poussière. Un vrai de vrai.

En terminant, il est deux voitures qui m'ont fait sourire et rappellé des bons souvenirs. La première est la Studebacker 1950.

Quand je l'ai vue, J'ai tout de suite pensé aux bandes dessinées de ma jeunesse, ces bandes dessinées qui parlait de la conquète de l'espace ou le super héros se baladait avec un "jets pack" sur le dos et dont le devant de sa fusée ressemblait à la Studebacker. Avec cette voiture, on devait se prendre pour le capitaine Cosmos de l'époque, prêt à traverser des galaxies pour aller porter secours à une race menacée par un terrible danger, chevalier sans peurs et sans reproches toujours prêt à foncer dans son bolide vers de nouvelles frontières.

L'autre voiture m'a plutôt rappellé un voyage. Un voyage que j'ai fais en France au début des années 1970.

C'était le bon temps, partir pour l'aventure, avec pour tout bagages, une guitare, un sac de couchage,  2 paires de jeans usés, des t-shirts. En me baladant en Europe et surtout en France, sur le pouce, j'ai souvent eu a voyager à bord de cette petite voiture, la deux-chevaux comme ils l'appelaient. La voiture favorite des jeunes car peu vorace en essence (essence qui à l'époque coûtait plus du double de ce que nous payions en Amérique du Nord à l'époque). Ma première impression quand je suis monté là-dedans la première fois fût de me demander si nous arriverions à destination en un seul morceau dans ce "landau pour bébé équipé d'un moteur". J'ai appris à la connaître et à apprécier sa robustesse lors de mémorables virées. Cette voiture à une suspension assez spéciale qui la rends pratiquement impossible à verser. Elle peut également grimper des côtes très accentuées inaccessible à la plupart des véhicules. Elle ne montera pas rapidement mais elle arrivera au sommet. Par contre, pour le confort, on repassera. Sur la route, après avoir roulé sur une bosse, il me semblait être encore en train de sauter 1 kilomètre plus loin. Un vrai carosse de bébé.

En terminant, si jamais il y a une exposition de voitures anciennes dans votre coin, allez-y. Vous retrouverez peut-être une partie de votre jeunesse en contemplant ces voitures dans lesquelles vous êtes monté quand vous étiez enfant. Pour ceux qui n'en ont jamais assez, j'ai préparé une autre page, une galerie d'autres photos que j'ai prise à cette exposition. Pour y accéder, cliquez ici et bonne route.

P.S.: J'ai trouvé par hasard sur internet un site nommé Autoworld.be et qui nous vient de Belgique. Un petit bijou pour les amateurs de vieilles voitures. Ce site est en français et passe en revue l'évolution de la voiture de ses débuts à nos jours. À voir absolument!!!!